Esprits libres
Union libre

Note de l’artiste sur « Union libre » 

J’ai photographié ce jeune homme, je lui ai demandé de « danser la séduction », comme un oiseau qui tourne autour d’une femelle, qui fait le beau, qui se met en valeur, le corps seulement, sans le secours de l’esprit, de l’argent, du statut.
J’ai voulu saisir l’esprit de ce corps, la sensualité qui en émanait, en faisant cette photo-esquisse plutôt qu’une photo-graphie. 
Puis j’ai dessiné sur son corps, comme un tatouage, un portrait de femme rêvée, mise en image libre du poème « union libre » d’André Breton, dédié à une seule femme. 
Comme souvent dans mes photo-dessins, paradoxalement ( car souvent la photo est associée à la réalité et le dessin a l’imaginaire), le dessin au trait à la plume, net, peut sembler plus réel que la photographie. 

Dessins

Note de l’artiste

Pendant le confinement, on a beaucoup parlé de la recrudescence des violences conjugales, des couples qui s’étaient déchirés, qui n’avaient pas résisté.
Comme si, dans l’ambiance anxiogène de la pandémie, tout devait être noir.
Et qu’il fallait taire les belles histoires qui en étaient nées. 
J’en ai connu une, un couple qui s’est formé ainsi. Un couple « désassorti » selon les critères rigides auxquels nous nous soumettons, si désassorti que ni elle, ni lui, n’aurait imaginé passer plus d’une nuit à la sauvette ensemble - pansement vite oublié à la solitude. 
Un confinement commun forcé, et les voila maintenant ensemble. Amoureux. 
Et j’ai pensé à ce film jubilatoire de Woody Allen, « whatever works », patchwork de couples improbables.
Et j’ai eu envie de mettre ces couples en images, pied-de-nez à la morosité ambiante, un arche de Noé libre, plus efficace qu’un vaccin pour rendre son sourire au monde. 
Je me rends compte, a posteriori, que certains de ces personnages ressemblent à des dieux - de l’ancienne Égypte aux mythes grecs, en passant par les dieux hindouistes ( Miroir à mon travail « Icônes » ; ici les mâles comme les femmes deviennent démiurges .) 
En créant cette série d’animhommes, peut-être aussi ai-je inconsciemment souhaité donner le droit à notre part animale de s’exprimer...

Les murs crient je t'aime
 
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À propos

Véronique Durruty est une artiste photographe et plasticienne française, dont le travail explore le voyage par les sens et les sensations.

Elle s’interroge sur la beauté, la réalité, et développe son approche tactile et poétique à travers différents supports, principalement photographie, mais aussi film, écriture, et dessin. Elle aime métisser les genres, mélanger les supports, confronter l’œil et le nez, l’œil et l’oreille, l’œil et les mots.

Son travail a fait l’objet de plus de 30 ouvrages et d’ex- positions dans le monde entier : Londres, Bruxelles, New York, Abou Dhabi, Tokyo... En France, on a pu voir son travail sur les grilles du Luxembourg, aux Rencontres d'Arles ou au MuCEM à Marseille. Ses œuvres font partie de fonds publics et de collections privées (Belgique, Canada, Espagne, France, Grande-Bretagne, Japon, Maroc, Sénégal, USA...). Membre de la grande agence humaniste Rapho, (Brassai, Robert Doisneau, Willy Ronis ...), elle vit et travaille à Paris.

Dans La photographie en France, des origines à nos jours (Ed. Flammarion), Claude Nori dit à propos de son travail : « Son appareil photographique retransmet les émotions et les vibrations en une moisson d’images à fleur de peau, sensuelles, mystérieuses, toujours harmonieusement composées (...). Son œuvre personnelle exalte l’harmonie et la beauté des couleurs, des sons, des odeurs, des paysages et des corps dont plusieurs livres d’une grande liberté esthétique et formelle constituent de véritables originaux créatifs. »

Prix et distinctions

Prix Guerlain 2006 pour « Afrique en parfums »


Prix spécial du jury du festival Bruce Chatwin (Gênes) 2007 pour « Orient Impress »


Prix Multiblitz 2011 pour « Portraits Couleur »


Lauréate de la Nuit de la Photo 2012 (Orange) pour « Liberté j’écris ton nom »


Artiste sélectionnée par Bureau des Objets Emotifs pour la collection 2013-2014.

Artiste «Pullman Brussels Artnight 2013»

Exposition personnelle et acquisition de 20 œuvres pour la collection d’art contemporain Pullman.


Prix Maram al-Masri en 2018 pour ses dessins « Le sein de la terre »


Prix Histoires Photographiques en 2018 pour « Mondes indiens »


3 œuvres acquises en 2019 dans le cadre de «un lieu, une œuvre» du Ministère de la Culture.